Projecteurs masqués

La brume dans le cristal, le soleil endormi
Tout juste assez de temps, parcelle de routine
Armé du nécessaire : panier de billes tennistiques
La porte se ferme lentement, les projecteurs se déploient

Le parcours dans l’amorce, sous un asphalte brûlant
Le juillet est puissant, ici, le silence aussi, à ce qui parait
La ville sent le rêve encore, les pas sont lourds, lourds, lourds
Le vert domine partout, caprice de bonheur, plénitude

Les pas se succèdent comme des aiguilles, habitués
Les idées se suivent et cachent le matou blanc habituel, hésitant
La dame au tricot est là, sans surprise, elle déteste la nuit
Un signe de la main, timide, et les pas dansent plus vite que la veille

La procrastination est une habitude qui précède la ponctualité, non?
Pendant que la maison de la sœurette me supplie d’arrêter, sourire
Le chemin rectiligne prend fin, enfin, à l’izquierda, un peu
Dernier droit de pensées, dernières secondes d’humidité sur la verdure

Le parc avale le paysage, d’une bouchée, de par son étendue musicale
La clôture est haute, haute, les oiseaux sont bas, bas; mélodie estivale
Le panier de billes est lourd, de plus en plus, vivement la fin du parcours
L’épaule gauche est endolorie par ses deux grandes jambes, et l’autre

Supplie la fin du supplice quotidien, repos mérité, les années passent
Dernier gros arbre, plus vieux que la journée précédente, usure
Les cris de joie du petit qui attend son instructeur se font entendre
Moment privilégié de transfert de connaissances, d’apprentissage mutuel

Les paroles du refrain venues au cerveau durant le trajet sont répétées
Répétées pour ne pas les oublier, répétées, car aucun papier (encore)
Le trajet a été parcouru des centaines de fois, voire à l’infini (presque)
Des souvenirs d’antan aux obligations professionnelles de maintenant

Le gazon est mort, la clé ouvre la scène; les raquettes sortent, le professeur entre
La montre est inévitablement à deux secondes d’être en retard, surprise
Peu de spectateurs, un seul micro, le masque sur le visage
La porte se ferme lentement, les projecteurs se déploient